Pépinière : panorama de la production et des échanges internationaux
Tous les ans, l'AIPH (1) édite un rapport (2) sur la production et les échanges de fleurs et plantes dans le monde. Alors que la production française souffre sur ses marchés, voici un portrait des forces en présence et des tendances de la pépinière européenne.
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L'AIPH recense plus d'1 million d'hectares de production de végétaux de pépinière dans le monde, dont 70 % en Chine. Il faut cependant relativiser l'importance de la pépinière chinoise, en raison d'une productivité assez faible, ramenant sa part dans la valeur à la production mondiale à 32 %, et d'une production essentiellement destinée au marché intérieur (voir infographie « L'Europe, premier producteur mondial de plantes de pépinière »).
L'Europe est un acteur majeur : avec 11 % des surfaces, elle assure 34,5 % de la production mondiale. Près de 22 000 entreprises européennes cultivent 115 000 ha dans 18 pays. Allemagne, Italie, Espagne et Pays-Bas dominent la production. Avec plus de 18 000 ha chacun, ils représentent 77 % des surfaces et génèrent deux tiers de la valeur. En raison de systèmes de production différents, le classement des acteurs diffère cependant en surface et en valeur : les choix d'intensification placent les Pays-Bas au premier rang en valeur (41 %), suivis par l'Italie (14 %) et le Royaume-Uni (14 %). Alors que l'Allemagne a les plus grandes surfaces de production (21 753 ha), elle n'arrive qu'en 4e position avec 8 %. Il en est de même pour l'Espagne : 3e en surface mais 9e en valeur (3). La France est le 5e producteur européen en surface et en valeur.
La consommation devrait repartir dans plusieurs pays
Selon les données collectées par l'AIPH, les surfaces de production européennes ont augmenté de près de 2 % entre 2006 et 2013, notamment à la suite de l'adhésion de nouveaux pays tiers, pour se stabiliser depuis 2014. Dans le même temps, la valeur serait passée de 8 à 10 milliards d'euros grâce à l'intensification des productions. Il y a cependant de grandes différences selon les pays. En termes de tendances, l'Allemagne et la France affichent une réduction de la production et de la consommation de végétaux. Pays-Bas, Italie, Espagne et Royaume-Uni prévoient une légère reprise, ainsi que, pour les trois premiers, un développement de leurs exportations. Les pays d'Europe de l'Est semblent souffrir de la crise et prédisent au mieux un maintien de leur production. La plupart des nations citées entrevoient des perspectives plus favorables pour le secteur du paysage que pour celui de la consommation des ménages, à l'exception notable de l'Allemagne (4) et de la France. Les tensions sur les marchés accroissent la concurrence entre États membres. Elle est exacerbée par les écarts structurels entre grandes pépinières faisant travailler de nombreux sous-traitants et entreprises familiales, ainsi que par les différences de coût du travail, en particulier avec les pays employant de la main-d'oeuvre provenant de l'Est, comme l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. Pour la France, le dernier observatoire (5), réalisé par AND pour FranceAgriMer et Val'hor, révèle l'accélération de la diminution du nombre d'entreprises, accompagnée depuis 2012 d'une baisse des surfaces et de la valeur. Au-delà du phénomène de concentration observé dans plusieurs pays européens, il y a érosion du potentiel productif de la pépinière française : entre 2011 et 2015, celle-ci a perdu 2 250 ha et 88 millions d'euros (- 16 %) de valeur. La situation économique pèse sur les sociétés, dont les défaillances observées depuis 3 ans illustrent la fragilité. Les échanges internationaux de végétaux de pépinière sont essentiellement intra-continentaux, pour au moins 3 raisons :
- Le poids des produits ainsi que le coût du fret y afférent ;
- Les restrictions à l'importation de substrat dans la plupart des pays ; cela peut obliger à expédier les plantes en racines nues ;
- Les difficultés à gérer le cycle végétatif et l'acclimatation en cas de transport maritime de végétaux de contre-saison en provenance de l'hémisphère sud. Avec 1,1 milliard d'euros d'exportations et 702 millions d'euros d'importations, l'UE est exportatrice nette de végétaux de pépinière et dégage un excédent commercial de 400 millions d'euros. Près de 97 % des importations et 76 % des exportations sont faites entre États membres.
Les pays de l'Est absorbent 35 % des exportations hors UE
Le commerce européen est dominé par les axes Pays-Bas - Allemagne et Pays-Bas - Royaume-Uni. L'Italie, la Belgique et l'Espagne sont aussi de gros exportateurs, alors que les principaux pays importateurs sont l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. La France présente le plus fort déficit commercial. Les Européens exportent surtout vers la Russie, la Suisse, la Turquie et la Norvège, mais également vers la Chine et l'Azerbaïdjan. L'ensemble des pays de l'Est absorbent 35 % de nos exportations extra-européennes. À l'import, nos principaux fournisseurs extra-européens sont la Suisse, la Turquie, plusieurs pays de l'Est, dont la Serbie et la Macédoine, et les États-Unis. Selon les chiffres publiés par l'AIPH, on observe un tassement des échanges extérieurs des produits de pépinière entre 2013 et 2015. On retrouve les Pays-Bas parmi les 4 premiers exportateurs dans toutes les familles de végétaux d'extérieur. Leur position forte à l'import et à l'export témoigne aussi d'une activité de plate-forme d'import-export, qui s'ajoute à l'importante production nationale.
Dans une prochaine édition, nous présenterons une analyse par pays pour les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la Belgique, et une analyse des perspectives du marché pour les prochaines années.
Marie-Françoise Petitjean, MFP Conseil
(1) Association internationale des producteurs de l'horticulture. (2) http://aiph.org/statistical-yearbook/ (3) Les chiffres sur la valeur à la production mériteraient d'être affinés, car les statistiques nationales ne comptabilisent pas les plantes en pot d'extérieur en pépinière. (4) Source : European Nursery Association (ENA). (5) Observatoire structurel des entreprises de l'horticulture et de la pépinière ornementale. Édition 2015.
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